Est-ce qu’une table d’inversion peut produire les mêmes résultats que la décompression neurovertébrale ?
Faire un parallèle entre les deux approches équivaut à comparer un vélo et une fusée spatiale !
Si vous envisagez d’utiliser – ou vous utilisez déjà – une table à inversion, lisez ATTENTIVEMENT ce texte, il pourrait vous éviter de graves problèmes.
En premier lieu, faisons le point sur quelques définitions.
Étirement : Action de s’étirer soit avant ou après une activité sportive ou avant de se lever de son lit le matin. Il s’agit donc d’une action qui ne requiert aucune force ou mécanisme externe.
Traction : Dans le cadre d’une thérapie appliquée à la colonne vertébrale, il s’agit d’une action qui vise à créer une élongation de la colonne dans son ensemble ou d’une portion de cette dernière (le cou ou le bas du dos). La traction peut être effectuée de différentes façons :
- Manuellement : En utilisant la force de ses bras ou le poids de son corps, un thérapeute exerce une traction à l’aide de ses mains sur le cou ou sur le bas du dos du patient.
2. Mécaniquement : À l’aide d’un moteur de type treuil ou un système de poulies, une traction continue est appliquée sur le cou ou le bas du dos du patient durant une période de temps définie.
3. Par gravité : L’idée de ce type de traction est d’utiliser le poids du corps pour provoquer une élongation de la colonne. Elle peut être utilisée par suspension par les bras ou par inversion sur des tables qui y sont destinées.
Décompression neurovertébrale : Il s’agit d’un appareil de haute technologie muni d’un système informatique « intelligent » qui permet de cibler précisément les vertèbres – et disques associés – qui sont atteintes. Au lieu d’étirer la colonne vertébrale dans son ensemble, cette technologie permet de cibler la zone à traiter, et ce, sans provoquer les réactions de protection musculaire présentent dans toute autre forme de « traction ».
Avant d’aller plus loin, il y a un concept que vous devez comprendre pour apprécier la différence entre les deux types d’intervention.
Agression et réaction du cerveau
La colonne vertébrale est habituée à subir la force de la gravité. Elle est toujours confrontée à une force de compression. Or, lorsqu’on applique une force contraire qui produit un étirement, le cerveau y voit une forme d’agression. En guise de protection, il élicitera une contraction des muscles le long de la colonne pour contrer cette élongation. Et cette contraction protectrice peut mener à des effets contraires au but recherché.
Revenons au sujet principal de cette chronique : la table à inversion.
Les fabricants, à travers leurs publicités, nous vantent les vertus de leurs appareils à inversion, mettant de l’avant la réduction des maux de dos.
Certes, certaines personnes mentionnent obtenir un soulagement de leurs douleurs en utilisant des tables à inversion. Si le processus peut apporter un certain soulagement, trop de variables mal contrôlées peuvent cependant causer des dommages importants, voire irréversibles.
LE TEMPS
Le facteur temps représente une considération déterminante. Lors d’une étude, des patients ont été placés en situation d’inversion et l’activité électrique des muscles du dos mesuré. Il appert qu’au début de l’étirement, les muscles se relâchaient, mais ce phénomène était immédiatement suivi d’une contraction réactive[i].
Cette réaction peut-elle produire des dommages?
Il semble que oui.
Dans une autre étude, une analyse radiographique de la colonne lombaire a été effectuée sur 100 sujets en santé, et ce, en position debout et ensuite, suspendue. Les résultats ont démontré qu’en position suspendue, une élongation de la colonne a été observée chez 70 % des sujets, un rétrécissement de la colonne dans 22 % des cas et le statu quo dans 8 %[ii].
Que peut-on conclure de cette étude?
Premièrement, il faut garder en tête que l’étude a été effectuée avec des sujets en santé. Les résultats auraient probablement été plus dramatiques si les sujets avaient souffert de maux de dos chroniques.
Pourquoi ?
Dans cette situation, bien souvent, certaines vertèbres ont une mobilité réduite et parfois même absente. Mécaniquement, pour compenser cet état de fait, les vertèbres avoisinantes deviennent hypermobiles!
À la lumière de ces informations, voyons maintenant quels sont les risques de la table à inversion si vous êtes atteint de lésions vertébrales (dégénérescence [arthrose], hernie ou bombement discaux, etc.)
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- Selon l’étude, dans 22% des cas, le résultat de l’inversion est une compression de la colonne. Si une hernie discale ou toutes autres conditions discales (dégénérescence discale) sont présentes, une aggravation du problème et une augmentation de vos symptômes sont à prévoir.
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- Si toutefois vous faites partie du groupe où une élongation de la colonne est observée (70%), la distraction se fera sentir au niveau des segments déjà hypermobiles, vos ligaments seront soumis à une tension néfaste et des dommages permanents pourraient en résulter. Évidemment, nous pouvons anticiper une augmentation des symptômes.
LA FORCE
Sur une table à inversion, il est impossible de déterminer la force que nous désirons appliquer sur la colonne. Or, si en plus d’être en position inversée sur une longue période, la force déployée est trop grande, les risques de blessures sont multipliés.
L’amplitude de la force de traction que votre colonne subira est fonction de l’angle d’inversion. Par exemple si vous êtes totalement en position inversée, la charge soumise à votre colonne est équivalente à votre poids. Dans la plupart des cas, cette force est BEAUCOUP trop grande… à moins que vous ne soyez un athlète de pointe.
Donc, à quel angle vous obtiendrez la force de distraction idéale pour votre problème particulier? À moins qu’être un ingénieur et de maitriser vos formules de sinus-cosinus (ça vous rappelle de mauvais souvenirs de vos cours de mathématique ou de physique?), il vous sera impossible de le savoir.
En résumé, une inversion trop longue, combinée à une force trop grande risque de vous blesser davantage.
Si vous souffrez d’une maladie dégénérative vertébrale, en utilisant la table à inversion vous pourriez ressentir une diminution de vos symptômes temporairement, mais vous risquez, à moyen et long terme, de vous infliger des blessures irréversibles
La table à inversion est donc contre-indiquée pour les conditions suivantes:
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- Ostéoporose
- Hernie discale
- Fracture
- Blessures à la colonne
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Autres conditions non vertébrales pour lesquelles la table à inversion est aussi contre-indiquée :
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- Hypertension
- Si vous avez déjà eu un accident vasculaire cérébral (AVC)
- Si vous avez une maladie cardiaque
- Glaucome
- Infection aux oreilles
- Détachement de la rétine
- Si vous êtes enceinte
- Si vous êtes obèse
- Si vous prenez des médicaments pour éclaircir votre sang
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Ces contre-indications proviennent du site internet Healthline, un site d’information médicale consulté par plus de 200 millions de personnes par mois[1].
[1] https://www.healthline.com/health/inversion-therapy
À la lumière de ces données, il est évident que les résultats obtenus avec la décompression neurovertébrale sont à des années-lumière de ceux que l’on pourrait obtenir avec une table à inversion.
Dans la prochaine édition, nous élaborerons sur les différentes caractéristiques de la décompression neurovertébrale… vous comprendrez davantage la différence :
Vélo ou fusée spatiale ?
[i] Falkenberg J, Podein RJ, Pardo X, Iaizzo PA. Surface EMG activity of the back musculature during axial spinal unloading using an LTX 3000 lumbar rehabilitation system. Electromyogr Clin Neurophysiol 2001;41:419-27.
[ii] Thery Y, Bonjean P, Dalen S, et al. Anatomical et roentgenological basis for the study of the lumbar spine with the body in suspended position. Anatotomia Clinica 1985; 7: 161-169
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