« C’est vraiment ce que vous croyez?
Si vous croyez que les petits impacts sont sans conséquence, cette chronique s’adresse particulièrement à vous.
Je ne sais plus combien de patients m’ont mentionné en consultation qu’ils avaient déjà subi un « petit accident d’auto », mais qu’ils n’ont eu aucune séquelle.
Si c’est votre cas, je vais « péter votre balloune! »
Dans cette chronique, je vais aborder les impacts au niveau du cou principalement, car il s’agit de la région de la colonne qui est à la fois négligée lors d’un impact, mais aussi parce que c’est celle qui est la plus vulnérable.
Parlons de vulnérabilité.
Lors d’un traumatisme – même s’il n’est pas subit directement au cou – la colonne cervicale sera nécessairement impliquée. Et voici pourquoi.
Si vous frappez un arbre à la base, la portion de ce dernier qui bougera le plus est naturellement la cime… s’il n’est pas trop gros évidemment!
L’impact de l’instrument sur le tronc transfère une énergie à l’arbre et cette énergie se propage vers le haut puisque
cette direction offre le moins de résistance. L’onde de choc atteint la tête de l’arbre et cette portion étant plus flexible, est secouée par cette énergie.
Cette analogie illustre bien comment le cou est secoué par des impacts qui touchent d’autres parties du corps. Vous n’avez qu’à observer les reprises lorsque vous regarderez votre sport préféré à la télé. Quand il y a une chute ou un impact important, remarquez le mouvement du cou. Cette situation peut être observée dans tellement de sport ou de situation : chutes à vélo, en patinage artistique, collision automobile, et combien d’autres situations.
Ce type de traumatisme qui affecte le cou s’appelle le syndrome du coup de fouet. Quoiqu’il soit principalement appliqué lors de collision arrière en auto, il peut survenir dans plusieurs autres situations comme celles décrites plus haut.
Quelle force d’impact engendre des dommages au cou?
Il s’agit là de la grande question. À quelle force doit être l’impact pour créer des dommages aux structures internes du cou : vertèbres, ligaments, muscles, tendons, disques, etc.
Les chercheurs se sont penchés sur la question et à travers des tests sur des mannequins de collision (crash test dummies), il a été déterminé qu’un impact de l’ordre de 8 km/h a le potentiel de blesser les muscles, les ligaments, les capsules articulaires cervicales.
Voyons dans le concret comment ça se traduit.
Vous êtes dans la cour d’un centre commercial et vous cherchez un stationnement. Vous roulez à 10 km/h. une autre voiture s’en vient en sens inverse à 20 km/h. Le conducteur de ce véhicule est momentanément distrait et dévie de sa trajectoire et s’en vient sur vous. Vous êtes aussi distrait, car vous venez de dénicher une place.
Lorsque le conducteur de l’autre véhicule réalise que la collision est éminente, il applique les freins, mais en vain.
Au moment de l’impact, votre vitesse était à 4 km/h et l’autre véhicule à 8. Puisqu’il s’agit d’une collision face à face, la force de l’impact est donc de 12 km/h (4 + 8 km/h).
Comment qualifiez-vous l’impact?
Mineur? Et vous auriez raison, à part une peu de tôle froissée, il ne semble pas y avoir eu d’autres dommages.
Cependant, au niveau de votre cou, ce n’est peut-être pas la même chose… même si vous ne ressentez RIEN.
Puisque vous ne vous attendiez pas à une collision, l’impact a secoué votre cou et des micro-blessures ont peut-être été formées. Rappelez-vous, les études parlent de 8 km/h comme était le seuil critique pour que des dommages puissent être créés.
Et il n’y a pas que dans un accident d’auto que ces impacts peuvent avoir lieu. Par exemple :
-
- Dans la pratique de sports de contact ou de combat…
- Lors de chutes en vélo, patin, ski, d’un escabeau, d’une balançoire…
- Si vous avez subi de la violence ou une agression physique…
- Si vous avez joué au soccer et que vous avez fait des têtes…
- Avez-vous déjà subi une commotion cérébrale?
Maintenant, vous vous dites probablement : « OK, et après? »
Il y a deux grandes conséquences à ces mini traumatismes.
1- Neurologique
Le cou est un endroit stratégique où il y a une haute concentration de « propriocepteurs ». Ce sont des capteurs qui informent le cerveau, plusieurs fois par seconde, de la position de chacune de vos articulations dans l’espace, de la tension précise de chacun des ligaments, des tendons et des muscles. Votre cerveau traite ces millions d’informations à une vitesse record pour être en mesure d’envoyer les instructions adéquates pour que vous conserviez votre équilibre postural, et ce, à une vitesse vertigineuse.
Lors de blessure à des structures du cou, les informations vers le cerveau deviennent biaisées et la réponse du cerveau est alors inadéquate. Conséquence : des phénomènes de compensations s’installent au niveau de votre posture, plus particulièrement dans votre colonne. La plupart du temps, ces compensations sont très minimes, mais à la longue, des dommages pourraient apparaitre.
Imaginez que les roues de votre voiture soient désalignées… même de façon négligeable. Après des milliers de kilomètres, vous remarquerez une usure anormale sur vos pneus. C’est le même phénomène que l’on observe au niveau d’une colonne vertébrale en compensation.
2- Mécanique
Les micro-blessures subies par le cou lors de l’impact devront être réparées. Pour ce faire, votre corps immobilisera les articulations affectées, le temps que la réparation se fasse. Mais voilà, puisque nous nous servons abondamment de notre cou, les mouvements excessifs pourraient nuire à la guérison normale et ainsi maintenir en état d’immobilité des vertèbres sur des mois.
Si cette situation est présente, vos disques ne pourront se nourrir et s’hydrater normalement et entreront dans une séquence de dégénérescence. Le problème s’installe et ce n’est que plusieurs mois et même plusieurs années plus tard que vous vous en ressentirez les effets.
Alors si vous avez des douleurs inexpliquées au cou et même dans votre colonne vertébrale, ils proviennent peut-être de micro-blessures que vous avez subies il y a plusieurs années… ou décennies!
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